« À l’écoute de ta Romance, j’ai entendu une nouvelle fois que nous devions devenir mari et femme », écrit en 1839 Robert Schumann à Clara Wieck, la fille de son professeur de piano.
La Romance en question, c’est le très beau mouvement lent en la bémol majeur du Concerto en la mineur de la future Frau Schumann. Créée en 1835 à Leipzig par la jeune pianiste-compositrice ()sous la direction de Mendelssohn, l’œuvre s’inscrit dans la tradition des concertos virtuoses de Hummel, Moscheles et Mendelssohn, mais possède un lyrisme aigu, une énergie dramatique et un charme qui n’appartiennent qu’à elle.
Dix ans plus tard, Clara créera dans la même salle du Gewandhaus, toujours sous la direction de Mendelssohn, le Concerto en la mineur de Robert.
Brigitte Engerer ressent une passion communicative pour la musique de Schumann. Elle nous en raconte les tourments, la tendresse, la féminité avec une intensité profonde. Elle suit toutes les nuances du sentiment schumannien de manière subtile, avec ce mélange de pudeur et d’impudeur qui fait les plus belles déclarations d’amour. Elle défend le Concerto en la mineur de Clara avec intelligence, sachant mettre en valeur avant tout ses qualités poétiques avec un sens très naturel du cantabile. L´Orchestre de Cannes et son chef Philippe Bender sont à la hauteur de ce projet. Nulle lourdeur dans l’orchestre, qui sait être vif et coloré. Une mention spéciale au violoncelliste Philippe Cauchefer qui nous offre un superbe moment de musique de chambre dans la “Romance“ du Concerto de Clara.
Olivier Bellamy
